Figuren

« Il y a toujours un jeu entre la représentation et l’irreprésentable. D’où l’idée de scène. Tu es dans la représentation du vivant et en même temps tu es dans son… pas dans son fantasme, mais dans son impossibilité à être représenté. Oui, l’irreprésentable. Il y a toujours cette limite du langage. Cette impossibilité d’être à la fois devant et derrière. On est toujours dans le langage, on n’arrive pas à s’en dépêtrer, c’est impossible. Donc, comment fait-on pour longer ce mur, sans réussir à le contourner ? On en revient effectivement à cette idée de limite. [Silence.] Et puis il y a ce problème de l’animalité qui revient sans cesse. »

(Claude Royet-Journoud, Un 12 mai, rue de l’Aqueduc.)

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Figuren s’écrit dans la continuité d’une « philosophie de la lecture » – pour reprendre le terme d’Olivier Goujat – mise en œuvre dans Seul le renversement, essai consacré par Michèle Cohen-Halimi au premier volume de la tétralogie de Claude Royet-Journoud.

À suivre, cette fois, le mouvement spiralé d’une lecture-écriture de Théorie des prépositions jusqu’au coeur intime et silencieux du livre, Figuren découvre l’aporie d’une diction qui inclut sa propre indicibilité dans le langage. La rémanence de cet indicible induit autant une éthique du langage qu’elle fait saillir du texte un impératif : Ce pourrait être le sens de la formule décisive concluant cet essai.