Est-ce qu’il se passe quelque chose ?
Auteur : Antoine Hummel
Est-ce qu’il se passe quelque chose ? est un livre d’ondes, de signaux reçus et transcrits jour après jour. Entre le début du mois de mars et la fin du mois de mai 2020, depuis le boulevard de la Libération à Marseille, l’auteur s’est branché sur les discours ambiants, captant, copiant, mélangeant ce que des amis, des gouvernants, des prophètes, des philosophes, des marchands nous disaient, en direct ou en différé, de la période – qu’on l’appelle crise sanitaire, confinement, guerre ou vacance. Outre ces captations, le livre est traversé par deux récits : celui d’une comtesse dans un EPHAD qui demande chaque jour à la même heure s’il se passe quelque chose, et celui de l’auteur qui, alors qu’il se fait manipuler par un ostéopathe, se trouve contraint d’écouter les vues générales de celui-ci sur l’espèce humaine.
Mais Est-ce qu’il se passe quelque chose ?, s’il est bien un livre d’ondes, évoque peut-être davantage le micro-ondes que la radio de Jack Spicer (« Nous ne serons jamais que des postes à galène. » Trois leçons de poétique, trad. Bernard Rival, Théâtre Typrographique, 2013). C’est une question de fréquence : les discours reçus par l’auteur, d’origine et de fortunes diverses, sont concentrés, accélérés, recuits à grande vitesse jusqu’à confusion. Et la chaleur du livre est probablement l’acuité de sa critique, qui confond ceux qui s’occupent à « faire le rationnel ».
Une onde est un transport d’énergie sans transport de matière. Peut-être que cette définition permet en partie de répondre à la question de savoir s’il se passe quelque chose. Des discours sont produits, une comtesse traverse des couloirs, des mots s’échangent et la matière se perpétue : « Ouvertures, fermetures, cessations, pénuries, ascensions, discours au débit sûr et au crédit fragile : c’est toujours la guerre, mais c’est encore la vie, la journée diverse et profuse. »
En stock