L’Autobiographie de Gertrude Stein

L’Autobiographie de Gertrude Stein, par Martin Richet, serait à l’œuvre de l’auteur américaine ce que Before the Flowers of Friendship Faded Friendship Faded, de Gertrude Stein, est au livre Enfances de Georges Hugnet.
Non pas œuvre de circonstance comme on l’a souvent cru, où l’ennui et l’indifférence amènent progressivement Gertrude Stein à une capitulation à l’égard du projet initial de traduction, mais, au sens complexe du terme – et de livre à livre – un reflet. À poursuivre notre analogie, on avancera que l’Autobiographie de Gertrude Stein, non moins que Before the Flowers of Friendship Faded Friendship Faded, forme le projet d’une redéfinition des enjeux de la traduction par l’écriture.
Que ce projet passe par l’épellation du nom même de Stein dans un titre volontiers paradoxal : L’Autobiographie de Gertrude Stein (lui-même transposé de la fameuse Autobiographie d’Alice Toklas), c’est faire droit à une intensité à réinventer, et cela dans la forme éminemment steinienne – et chez elle également toujours grammaticale – du portrait.

Ce portrait de Gertrude Stein, le livre de Martin Richet l’effectuera à travers l’essai de diverses formes, souvent minimales : quatrains composés de vers d’un mot, palindromes, acrostiches sur le nom de l’auteur américaine, traductions littérales ou déplacées par la postérité de Stein (le malicieux « arrows is arrows is arrows » de Robert Duncan, ici traduit), etc. Où le minimalisme de la composition confère une matérialité palpable au phrasé, et une incandescence toute particulière à la question du sens, que n’aurait sans doute pas désavoué l’auteur de Before the Flowers of Friendship Faded Friendship Faded.

Aussi bien : à déplier le nom de Gertrude Stein, le texte s’enjoint-il de réaliser cette intensité en quatorze mouvements, que dénote précisément la table des matières en fin de volume, et qui sont opérations dialectiques, steiniennes-richetiennes, – ou pour employer ici un mot important, comme celui de mariage. De sorte que l’objet du livre (l’œuvre de Stein) n’est jamais indépendant du regard érudit porté sur elle et sa postérité, ni séparable des circonstances présentes de la composition de cette « autobiographie » qui en ressaisissent dès lors un portrait réfléchi : tout de méditation.

L'autobiographie de Gertrude Stein de Martin Richet 2011 15,2 x 22,8 cm, 128 p., 14 € isbn : 978-2-917786-12-3

Auteur : Martin Richet

2011
15,2 x 22,8 cm, 128 p., 14,20 €
978−2−917786−12−3

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